Rencontre avec un théologien étonnant
Entretien réalisé via Skype le jeudi 16 mars 2006, par Marvel.


A vrai dire depuis 10 ans je n'avais pas rencontré cela sur Internet. Cela me rappelle les débuts où nous nous retrouvions sur des canaux irc avec des catholiques du monde entier. Il y a une qualité d'échange étonnante sur le forum du Docteurangelique. Aujourd'hui c'est là que cela se passe. A l'origine de ce forum, un théologien à la production débordante qui ne compte pas son temps pour partager ses découvertes étonnantes : Arnaud Dumouch.

Arnaud, pouvez vous vous présenter brièvement pour nos lecteurs ?

Je m'appelle Arnaud Dumouch, j'ai 41 ans, je suis français. Et j'habite en Belgique où j'ai émigré pour enseigner la théologie. C'est possible d'en vivre, grâce au concordat. Des cours de religions sont donnés partout en Belgique, dans tous les niveaux et même en universités, 2 heures par semaine. J'enseigne dans un lycée catholique. J'ai enseigné un peu dans le supérieur, mais je préfère m'adresser à des plus jeunes car je crois que cela porte plus de fruits finalement.
Je suis marié, père de deux enfants de 5 et 7 ans.

Vous vous présentez comme théologien, mais quelles études avez vous fait ?

J'ai fait des études mais un peu spéciales : j'ai été un peu partout. Tout simplement parce qu'à l'heure actuelle, si on veut des études de bon niveau, il faut voyager. On ne peut se contenter des universités catholiques françaises qui sont souvent dans un schéma particulier, un peu exégétique, très historique, très critique, mais qui ne font plus vraiment de la théologie. Alors j'ai commencé par faire de la philosophie auprès des frères de Saint Jean pendant trois ans, puis deux ans de théologie auprès d'eux. C'est le fondement de toute ma formation. Je le dois au père Marie-Dominique Philippe. Ensuite, j'ai fait une formation de théologie spirituelle à l' école du Père Marie-Eugène de l' Enfant Jésus (« Je veux voir Dieu »). Et j'ai passé parallèlement tous les diplômes à l'université catholique de Strasbourg. C'est un diplôme d'Etat français. J'ai un DEA à l'université catholique de Toulouse. Maintenant je suis en doctorat qui n'est pas encore soutenu mais qui est écrit et qui reste à soutenir.

Et quel est le sujet de cette thèse ?

Ma grande passion depuis toujours est l'eschatologie, c'est-à-dire la théologie de l'espérance. J'avais déjà commencé en maîtrise en rédigeant la première partie de ce projet de thèse qui concernait la « Vision béatifique ». Un traité des fins dernières doit être centré sur la finalité ultime qui donne sens à tout, à savoir voir Dieu face à face. Ensuite, j'ai continué mon doctorat en écrivant tout un Traité des fins dernières intégrant d'importantes nouveautés théologiques. (http://eschatologie.free.fr).

Avant de revenir sur le fond de votre travail, je voudrais que vous me parliez de votre présence sur Internet car c'est souvent comme cela qu'on vous découvre. Vos livres sont en téléchargements gratuits sur le net, et visiblement vous passez beaucoup de temps à animer des forums. Pourquoi un tel investissement on line ?

Ca vraiment c'est quelque chose que j'aimerais que tout le monde sache : si certains désirent faire un peu d'apostolat, tout en restant chez eux bien au chaud dans leur maison (rire), c'est un formidable terrain, mondial. Toute la francophonie est accessible. Pour ce qui est des livres et de libre disposition, j'en avais publié un, à travers un ami, sur L'Eglise et les phénomènes paranormaux. Mais je me suis aperçu qu'au bout de quelques mois, un livre est mort : quelques exemplaires partent, puis il disparaît. Alors comme le but n'était pas du tout lucratif, mais une vocation, je me suis dit : « pourquoi pas les publier sur Internet ». Je me suis rendu compte que c'était vraiment le bon système. C'est téléchargé, c'est lu, et cela reste vivant. Donc c'est vraiment quelque chose que je conseille à ceux qui ont une mission d'Eglise.

Ne craignez vous pas que vous ne trouviez pas d'éditeurs pour vos livres dans l'avenir ?

Oui absolument. Les éditions Téqui par exemple m'avaient fait un contrat, mais quand j'ai voulu rester sur Internet, et puis aussi pour d'autres motifs liés au contenu de mes ouvrages, ils y ont renoncé. Mais je crois que cela vaut le coup. C'est d'ailleurs le pari qu'est en train de faire Louis Garcia, un jeune éditeur qui se lance, car il y croit.
Pour les traduction des oeuvres complètes de saint Thomas d'Aquin (http://docteurangelique.free.fr), j'ai établi le même procédé. Et cette fois les éditeurs papiers viennent...

Venons maintenant à vos ouvrages. Vous abordez des sujets qui semblent très divers : la fin des temps, le paranormal, les NDE (expériences aux frontières de la mort), et avec des niveaux très différents : du conte pour enfant à la traduction de St Thomas d'Aquin (http://docteurangelique.free.fr). Qu'est-ce qui fait l'unité de votre travail ?

Comment résumer cela ? Voilà, cela fait à peu près 2000 ans que l'Eglise catholique et les grands théologiens se posent la question de la manière dont Dieu sauve les gens. Il y a un certain nombre de vérités théologiques qui sont affirmées par l'Eglise. Et les théologiens essaient de les harmoniser. Par exemple, une chose absolument certaine depuis le début, c'est qu'on ne peut pas aller au paradis si on n'a pas la charité en cette terre. Cela veut dire que quand on est de l'autre côté si on n'aime pas Dieu comme un ami c'est-à-dire dans un amour d'amitié réciproque, présupposant une connaissance de lui, eh bien on ne se mariera jamais avec Lui, car la vie éternelle est bien d'un mariage d'amour. C'est une vérité que, déjà, saint Augustin enseignait et que la foi de l'Eglise a toujours confirmé. Mais la conséquence de cela c'est que saint Augustin mettait en enfer énormément de gens : les petits morts sans baptême comme les petits enfants, mais aussi les païens ou alors des gens qui étaient surpris en état de péché mortel sans avoir le temps de se confesser. En fait une intuition apparaît depuis 1950 dans l'Eglise : « ce n'est pas possible, Dieu ne peut pas être mort sur la croix et mettre en enfer tant de gens, surtout les innocents, les ignorants, les pauvres pécheurs. ». Mais comment faire pour être à la fois complètement fidèle au dogme catholique et expliquer le salut de ceux qui meurent dans l'ignorance de Dieu ? Et il semble que la clef théologique est tout à fait simple. C'est qu'il se passe des évènements dans ce qu'on ne voit pas de la vie terrestre, ce qui est notre 11ème heure, à savoir à l'heure de la mort. Vous vouliez la clef de cette nouvelle théologie. Elle tient toute entière dans la phrase suivante : Le Christ se montre à tous dans sa gloire, non seulement à la fin du monde, mais à l'heure de notre fin individuelle. On le voit comme l'a vu saint Etienne, assis sur les nuées du Ciel (les saints et les anges). Et à ce moment, on l'aime tout entier ou on le rejette tout entier, selon ce qu'on s'est fait durant notre vie. Après vient notre fin.

Vous pensez sûrement aux récits des NDE décrites depuis 40 ans ? On y voit paraître un être de Lumière, plein d'amour et de vérité, et des proches déjà décédés ?

En fait, ce n'est pas tellement là-dessus que je me suis appuyé mais plutôt sur un raisonnement théologique lié à la foi catholique. Pour que mes pairs théologiens l'acceptent, il me fallait démontrer à partir de la totalité de la foi de l'Eglise sur le salut, avec une théologie très précise et rationnelle. Il fallait s'appuyer en particulier sur ce dogme rappelé par Vatican II (LG  22), à savoir qu'obligatoirement, et c'est lié à son amour, Dieu propose à tout homme la possibilité d'entrer dans la charité, tôt ou tard (et donc AVANT LA MORT, dit un autre dogme du Moyen-Âge). Comme cela ne se passe pas avant, on le voit bien, comme cela ne se passe pas après, cela se passe donc nécessairement à la onzième heure, à savoir à l'heure de la mort. Voilà l'unité. A partir de cette clef de voûte, je me suis aperçu que la totalité de la théologie catholique, tous les dogmes, y compris les plus surprenants comme la damnation éternelle, deviennent simples, ils prennent sens. Donc il n'y avait plus aucun problème.

A travers cela vous revisitez le jugement dernier, c'est bien cela qui est en jeu ?

Oui, le jugement dernier en particulier, et beaucoup d'autre chose. En fait toute la théologie, mais sans rien changer… rien n'est bouleversé, tout est expliqué. La foi catholique, la Tradition Sainte sont totalement gardées. L'une de mes obsessions est d'être entièrement fidèle à la foi catholique. C'est-à-dire que pour moi, un dogme, c'est une vérité proclamée par Dieu, une borne du vrai et du faux donnée par l'Esprit Saint, de manière absolument infaillible. Mais ce n'est pas plus. C'est comme un poteau indicateur, il ne faut pas en faire la totalité de la théologie mais plutôt la voie par où passe la vérité. Voyez un petit peu, cela pourrait ressembler à ces dessins d'enfants : on ne voit que les points et si les enfants tracent des trais entre les différentes points en suivant bien leurs numéros, ils obtiennent un magnifique dessin. Eh bien c'est ça le dogme.
Appliqué au jugement dernier, le dogme est donc éclairé : Il se passe bien, selon la foi, APRES la mort. Dieu peut décréter pour toujours que certains sont réprouvés et que d'autres seront au paradis après un temps de purification parce que les morts ont choisi en toute lucidité. L'apparition du Christ a parfaitement révélé le Ciel et ses conditions (l'humilité et l'amour) ; la prédication lumineuse de Lucifer a parfaitement manifesté l'autre choix, celle d'une liberté totale mais solitaire, donc vaine. Cela supprime toute ignorance. Le foyer de péché qui nous marque ici disparaît ce qui supprime toute faiblesse. Ainsi, lorsqu'un homme arrive dans l'au-delà sans la charité, c'est qu'il n'a pas voulu répondre à la proposition de réconciliation et d'amitié du Christ. Cet homme, ce damné est en quelque sorte celui qui a pu lui « cracher au visage du Christ », lucidement, en disant : « le mystère que tu me proposes, l'humilité l'amour, c'est méprisable. » S'il suit Lucifer qui apparaît aussi et lui propose un paradis de liberté, d'autonomie et d'égoïsme, alors effectivement le jugement du Christ prend sens. Il ne met en enfer qu'un homme qui refuse les conditions pour aller dans l'amour, cet homme est responsable d'un péché contre l''Esprit (entièrement lucide et volontaire).
Avant, avec St Thomas d'Aquin (que j'aime beaucoup mais qui n'est pas comparable au Magistère infaillible), on pouvait dire qu'un homme qui mourrait, avec comme seul responsabilité de ne jamais avoir été visité par un missionnaire , était damné par le Christ. A l'époque, on ne comprenait pas pourquoi et on expliquait : « C'est la justice ! ». On ne voyait pas qu'on se condamnait tous par cette phrase, en toute justice...

Pourtant vous intégrez dans vos références des apparitions reconnues par l'Eglise, je pense à Fatima, la Salette par exemple. Et dans ces apparitions le langage utilisé est celui d'un Dieu qui menace de punir quand même ? N'êtes vous pas loin de cette notion de punition ?

Je n'en suis pas loin du tout. Tout prend sens, y compris la punition, dans cette Histoire sainte de l'éducation de Dieu sur nous. Mais évidement elle prend un autre sens, car dans cette grande perspective on comprend que la vie terrestre est une première étape du purgatoire. Il y en a d'autre à l'heure de la mort, puis après la mort.
C'est assez simple à comprendre, la première étape du purgatoire, consiste pour tous les hommes sans exception (athées, païens et même chrétiens) à apprendre au minimum une chose, qui ne sauve pas mais dispose au salut, à savoir devenir humbles. C'est vrai que tout le monde n'a pas la révélation de la foi, donc tout le monde ne comprend pas que l'humilité doit aboutir à la charité, à l'amour d'amitié pour Dieu et le prochain. Mais la grande égalité, c'est que tout le monde se demande ce qu'il fait sur terre, puis que tout le monde meurt. La vie est ainsi faite que dans le désespoir, sans savoir ce qu'on fait sur terre, on meurt normalement sans trop d'orgueil. A partir de là, on peut se dire que la souffrance, comme le dit la Bible, peut être envoyée par Dieu, non pas pour punir au sens bête du terme, mais pour éduquer le coeur et faire que les hommes soient disposés à l'apparition du Christ à l'heure de la mort. Un homme humble, comme le bon larron, il n'y a pas de raison qu'il refuse l'amour.

Il me semble que le point central de votre "théologie" c'est l'importance de l'humilité. Finalement, à vous lire, la vie, l'histoire de l'univers, ce n'est qu'une école d'humilité. Est-ce une théologie moderne et est elle partagé généralement dans l'enseignement de l'Eglise ?

En fait la place de l'humilité n'est pas centrale, elle est juste fondamentale. Pour le comprendre, on pourrait dire que l'édifice spirituel qui conduit au salut est constitué d'abord d'une terre, une bonne terre, labourée, préparée, qui serait l'humus : l'humilité. Et cela ça correspond à tout l'enseignement de l'Ancien Testament, au baptême de Jean. Jean baptise les gens en leur demandant d'être humbles, de reconnaître leur péché. Jean n'est pas le but, il est juste une disposition. Mais il montre le Messie, le salut du doigt. Du coup on comprend pourquoi Dieu bénit d'autres religions que le christianisme bien qu'elles ne sauvent pas. Mais elles DISPOSENT, PREPARENT le salut.
Parce que le salut lui-même, ce n'est pas cette terre (l'humilité), mais c'est la plante qui pousse dedans. Cette plante, l'arbre, c'est la charité. La charité, c'est le commandement nouveau, c'est la fleur de la grâce.
Et les fruits de la charité ce sont les vertus, donc l'observation des commandements.
Donc c'est une théologie tout à fait classique.
Qu'est-ce qui sort du coeur du Christ ? du sang (l'amour) et de l'eau (l'humilité). Il semble que Dieu ne veuille pas l'amour tout seul, mais l'amour dans un coeur humble. Sainte Faustine est, à cet égard, importante.

Autre sujet, mais qui dans votre travail ne fait qu'un avec le précédent, la fin des temps : vous avez travaillé les textes des grandes religions, les diverses révélations quand elles sont reconnues, et vous en concluez qu'on se rapproche de la fin, mais que ce n'est quand même pas pour tout de suite ?

En fait le traité des fins dernières a trois parties :
- Le destin individuel, c'est ce qu'on vient d'aborder avec l'heure de notre mort.
- La fin des générations : on voit bien que chaque génération, est morte au bout de 100 ans. Le Christ l'annonce clairement quand il dit que cette génération ne passera pas que tout soit arrivée. C'est vrai, 50 ans après la mort et la résurrection du Christ, tout le monde de cette génération avait connu le retour du Christ de la même façon qu'à la fin du monde.
- La fin du monde, c'est le troisième sens de l'eschatologie, on va voir ce que vivra la dernière génération qui naîtra sur terre. Tout cela est unifié par Jésus dans les mêmes textes car c'est le même mystère. C'est tout simplement la parousie du Christ à la fin du monde, à l'heure de la mort ou à la fin de chaque génération qui se réalise.
Pour le troisième sens, c'est-à-dire la fin du monde, on ne peut jamais savoir sa date. Par contre, pour vérifier si on risque de vivre nous-mêmes la fin des fins universelle durant notre vie, on peut répondre que Dieu a donné une série de prophéties très précises qui doivent se réaliser avant la fin. Il y en a sur l'Eglise, sur le gouvernement du monde, sur le dernier Antéchrist. Mais pour répondre à votre question de la proximité de l'heure, il est pratique de regarder celles qui concernent le peuple juif. Elles sont au nombre de 7. Je peux parler de celles là particulièrement parce que, et c'est très intéressant, le peuple juif étant un peuple prophète, les prophéties le concernant se réalisent matériellement, historiquement. Par exemple, quand Jésus dit « ce temple, il n'en restera pas pierre sur pierre » cela se réalise 40 ans après sa mort sous le général romain Titus. Quand il dit : « le peuple sera dispersé, Jérusalem sera laissée vide », cela se réalise en 135 après JC sous l'empereur Romain Adrien à la deuxième révolte juive. Quand il dit : « femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi mais sur vous même et vos enfants », il annonce tous les pogroms et en particulier la Shoah. La quatrième prophétie concerne le retour du peuple Juif dans sa terre (Luc 21, 24 : "Jérusalem sera foulée par les païens jusqu'à ce que soit accompli le temps des nations"). Ca s'est réalisé en partie en 1948. De ces sept prophéties, il en reste donc visiblement trois et demi qui ne sont pas réalisées : la « demi » première concerne justement Jérusalem, qui doit devenir entièrement juive. Jean-Paul II disait dans une catéchèse du mercredi, s'appuyant sur Luc 21, 24, que cela se réaliserait sans doute simultanément à l'évènement suivant : lorsque le gouvernement national disparaîtrait au profit d'un gouvernement mondial. Ce n'est pas réalisé, donc la fin du monde n'est pas pour demain.
Et quand ce sera fait, il en reste trois d'autres : le temple de Jérusalem qui devra être rebâti comme on le voit dans le deuxième livre des Maccabées (chap 2), l'Arche d'alliance doit être retrouvée (2 Mac 2). Il en manquera une dernière, à savoir la conversion du peuple juif au Christ. Ce dernier évènement, annoncé par saint Paul (Romains 11, 15) est confirmée par Jésus comme un grand évènement qui précèdera son retour dans la pleine lumière (Luc 13, 35) : "Vous ne me verrez plus jusqu'à ce qu'arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
Donc rien qu'en regardant ces prophéties là qui sont à attendre matériellement, on sait que ce n'est pas pour maintenant. Cela se réalisera lentement au cours des générations de nos enfants mais on en a quand même pas mal de réalisées. On approche ...

Cette approche matérielle des prophéties concernant le peuple juif est elle partagée par d'autres théologiens ?

Oui, elle est constatée, par le peuple Juif en premier, à partir de tout l'Ancien Testament … et c'est même au delà de la théologie catholique. Les musulmans eux-mêmes possèdent certaines de ces prophéties. De fait, l'histoire montre, par expérience, que tout ce qui arrive à Israël, lui arrive dans sa chair. Et notre foi nous dit que c'est pour « signifier ce qui arrive dans la vie spirituelle, jusqu'au salut éternel » (Saint Thomas, somme théol., traité de la Loi ancienne). St Paul dit qu'il reste le peuple prophète.


 

Mais j'aurais pu en aborder bien d'autres prophéties pour montrer qu'il faut patienter : la fin des fins n'est pas pour demain matin. Une des annonces les plus importantes et les plus méconnue mais qui fait maintenant parti de la foi catholique, c'est la question de l'épreuve finale de l'Eglise. L'Eglise doit imiter le Christ, elle ne doit pas devenir puissante, le Christ ne reviendra pas quand le monde entier sera catholique. Il reviendra quand l'Eglise aura suivi le chemin du Christ, dans une kénose, un nombre de fidèles de plus en plus petit et une offrande finale de Pierre. C'est passé dans le magistère pour la première fois dans le catéchisme de l'Eglise catholique (art 675 - 676 & 677).

Votre approche de l'Islam est aussi très originale et ambitieuse. Habituellement les positions des chrétiens vis-à-vis de l'Islam sont soit l'anathème soit le respect interrogatif, mais vous avez trouvé à l'Islam une mission tout à fait particulière dans l'histoire. Est-elle partagée par d'autres théologiens ?

C'est assez peu connu chez les chrétiens. Et c'est dommage, c'est important à notre époque où se prépare visiblement une grande guerre. Comment se fait-il qu'une religion comme cela, qui fait plus d'un milliard de fidèles, existe et partage la foi d'Abraham, comme le montre le Concile Vatican II ? On se dit comme Gamaliel dans les Actes des Apôtres que si ça ne venait pas de Dieu, cela aurait dû mourir de lui-même. Donc cette religion s'est développée, contre le christianisme et les autres religions, par les armes et la guerre. Quand on est face à un phénomène comme cela, il faut toujours regarder dans l'Ecriture Sainte si par hasard il n'existerait pas une annonce prophétique. Or, on la trouve. Quand on regarde Abraham, et les promesses que Dieu lui a faite, on voit qu'il ne lui a pas promis une descendance mais deux (Genèse 16, 11 et ss). Et ce sont des prophéties d'une précision si grande qu'on y reconnaît facilement l'Islam et le Christianisme. Alors voilà quelques détails : Abraham qui avait reçu la promesse d'une descendance. Comme cela ne venait pas, prit l'initiative d'aller faire un enfant avec sa servante, Agar, et en eut un fils, Ismaël. Voyant qu'il était né, la vraie épouse d'Abraham, chassa la servante et l'enfant car elle se comportait mal. Dieu apparut à la servante, et lui promit qu'il ferait d'Ismaël une grande nation. Mais il ajouta : « je n'en ferai pas mon alliance sainte, mais je le bénirai, il aura un arc (ce sera un peuple militaire), sa main sera contre tous, et tous seront contre lui, il vivra dans les déserts, il s'imposera à la femme de tes frères. » Si le fils de la servante n'est pas un portrait de l'Islam, on se demande ce que cela annonce ? Et après cela, Dieu apparut à Abraham sous forme de la Trinité (Genèse 18, 1) et annonça la naissance d'Isaac. Quelle est la religion libre, née de la femme libre et qui croit à la Trinité ? N'est-ce pas le Christianisme ? De cette prophétie, on peut voir que l'islam n'est pas voulu par Dieu directement mais a été béni par Dieu après coup. Cette religion a probablement été inventée par Mohamed, mais bénie par Dieu qui en a fait un instrument pour la sanctification du monde, une sorte de fléau parfois, mais qui empêche le monde de s'endormir sur son confort, son confort post-chrétien.
Mais tout dans l'islam n'est pas d'initiative humaine. On voit que certaines prophéties qui firent pleurer Mohamed et qui concernent une dernière grande guerre finale, ne sont pas de son style. Dieu sanctifie aussi ses serviteurs, les musulmans, en vue de leur salut. Et je crois pouvoir dire sans trop m'avancer que notre génération va vivre certains évènements eschatologiques les concernant. Mohamed annonce une grande guerre, perdue matériellement pour l'islam, et aboutissant à la naissance d'un islam humble, royal au sens spirituel du terme, béni de Dieu car modeste comme aux temps de Médine. (http://eschatologie.free.fr/islam/0isindex.htm).

Votre analyse reste centrée sur le monde biblique. Qu'en est il des grandes civilisations d'Orient dans cette vision eschatologique de l'histoire ? Est-ce que le bouddhisme, la Chine ou l'Inde pourraient avoir, elles aussi, à l'instar de l'Islam, des missions particulières dans le plan de Dieu.

Il me semble que sur la terre, Dieu ne veut pas qu'il y ait une seule religion pour le moment. Je ne dis pas que toutes les religions se valent. Mais que visiblement, comme à Babel, Dieu a divisé le monde en à peu près 6 ou 7 grands courants : le christianisme, l'islam, le bouddhisme, l'hindouisme, l'animisme, et même l'athéisme. Tout simplement, parce que toutes ont en commun, non pas de sauver mais de disposer le coeur de l'homme au salut. Elles ont en commun de dire que l'homme ne doit pas être au centre du monde (sauf l'athéisme). Et chacune de ces religions, comme les mages pour la première venue du Messie, ont reçu des signes qui leur annoncent sa deuxième Venue dans la gloire. Une étude exhaustive devra être faite. Voilà un sujet de thèse pour un théologien du futur.

Oui, je m'étonne que vous indiquiez l'athéisme comme une religion prédisposant à l'humilité ?

L'athéisme prédispose à l'humilité par le fait qu'il laisse les coeurs assoiffés, sans aucune espérance à l'heure de la mort. On le voit avec la génération mai 68. C'est une génération qui a crâné dans sa jeunesse mais qui malheureusement va avoir une vieillesse terrible, parce que sans prêtres, sans croyance donc sans espérance ... Elle sera rattrapée par Dieu à travers cette croix. Si on comprend que le monde a été vraiment bien organisé pour qu'au minimum on en sorte humble, on voit partout son action : Mai 68 a semé. Il récoltera et Dieu fera tout tourner pour le salut éternel du grand nombre. En effet, à l'heure de la mort, qui prêche ? C'est le Christ. Et vous verrez, après cette grande souffrance spirituelle qui les attend, leur coeur sera disposé. Ils seront surpris de l'apparition d'un tel amour qu'ils n'attendaient plus. Voilà ce que prépare Jésus pour beaucoup d'entre eux : « Luc 7, 47 A cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d'amour. »
Quand Jésus dit : « j'ai d'autres brebis dans d'autres bergeries, il faut aussi que je les amènes et il n'y aura plus qu'un seul troupeau un seul pasteur. » ce n'est pas à attendre sur la terre. Car si cela se réalisait, les prêtres de la religion dominante se remettraient à tuer, car l'orgueil humain est ainsi fait. C'est à attendre à l'heure de la mort et dans l'autre monde.

Mais du coup, est-ce le diable à l'origine de l'athéisme ?

L'athéisme est certainement l'oeuvre du diable. Les forces du mal sont bien en jeu sur terre, mais Dieu est plus intelligent que le diable. Et Il est capable de se servir de ces choses là pour en faire un bien. Par exemple, notre foi nous annonce que vers la fin du monde viendra un dernier Antéchrist qui sera plus que l'athéisme. Apparemment ce sera le mystère de l'iniquité qui reviendra. C'est-à-dire que le projet de Lucifer sera de nouveau explicitement présenté au monde comme il l'avait été à Eve et Adam, à savoir un paradis, une vie éternelle dans la liberté fière, et sans amour. Si Dieu autorise une chose comme cela, c'est parce qu'il veut obtenir du bien avec ce mal qui vient de Lucifer. Ce bien, c'est que le faux dieu ne comble pas le coeur de l'homme mais le met dans l'angoisse, l'assoiffe du vrai Dieu qu'il ne connaît pas. Et quand le vrai Christ apparaîtra, il balaiera toutes cette fausse religion (2 Thess 2, 8) par le souffle de sa Venue. Dieu va prouver à l'humanité à quel point il l'aime, car le Christ reviendra à un moment où personne ne l'attendra.

Mais alors pourquoi Lucifer ne présente pas tout de suite ce projet et se contente-t-il de l'athéisme aujourd'hui ?

Ce qui le retient en fait en montré par saint Paul dans ce texte (2 Théssaloniciens 2, 6) : « Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu'il ne se révèle qu'à son moment. » Ce qui le retient, ce sont évidement la parole des grandes religions. Si Lucifer se présentait comme Dieu maintenant, les grandes religions seraient capables de le démasquer. Au contraire, s'il paraît après un temps d'athéisme où les religions seront affaiblies et les hommes en grande soif de réponses, il lui sera plus facile de présenter son projet.

Sur le forum, j'ai remarqué que vous suiviez l'actualité scientifique, par exemple pour ce qui concerne la paléontologie. Quels sont vos rapports avec la science ?

Avant de faire des études de théologies, j'ai fait des études d'agronomie. Or il m'est arrivé une anecdote, quand j'étais aux « trois jours » du service militaire. En discutant avec des officiers, je m'étais aperçu qu'ils croyaient comme de manière dogmatique à la macro-évolution, c'est-à-dire l'apparition d'organes nouveaux comme l'oeil par les simples lois du hasard. Et en faisant avec eux de simples calculs de probabilité, en calculant le nombre de chance qu'apparaisse un ADN construit, j'avais constaté leur gêne... Il est vrai que les chiffres sont aberrants. Ajoutez à cela les lois de stabilité du monde minéral, on se rend compte que la macro-évolution est un vrai problème. Il est aussi possible, même avec des milliers de milliards d'années pour essayer, qu'apparaisse un ADN qu'un singe même érudit, lançant en l'air des lettres de l'alphabet, disposant pourtant de l'éternité, produise l'Encyclopedia Universalis. C'est le même genre de probabilités (http://vieethasard.free.fr).

Toujours sur le forum, j'ai remarqué qu'un certains nombre de thèmes reviennent régulièrement des internautes : bien sûr la fin des temps et la vie après la mort suivant vos ouvrages, mais aussi beaucoup de question sur l'origine de l'homme (paléontologie et foi) , sur la nature de l'homme (la question de l'âme), sur des évènements surnaturels. Quels sont à votre avis les attentes, les principaux questionnement de cette génération ?

Les attentes sont diverses, mais surtout elles sont liées à un désir de grande qualité spirituelle. La foi, l'espérance, la charité, voici les attentes principales, en tout cas dans ce forum là : http://docteurangelique.forumactif.com/ . Je constate que les catholiques sont un petit nombre, de plus en plus restreint. Mais il y a un intense renouveau qualitatif. Je vais vous surprendre mais on dirait que depuis 40 ans, la pédagogie de Dieu consiste à retirer son Esprit Saint du monde Occidental. Son but est sans doute, comme dans le livre d'Osée, d'assoiffer le coeur des gens. Comme à certains moments de l'époque de Jésus, les apôtres ne comprennent pas et semblent pêcher en vain. Peut-être que Dieu veut nous assoiffer, pour nous préparer pour le moment où il voudra bien dire : « Lance ton filet à droite de la barque. »
Si ce renouveau est intense, il est aussi marial. Mais attention : on constate aussi qu'il y a beaucoup de gens qui suivent n'importe quoi en matière d'apparitions mariales. Il faut les encourager à se centrer sur les apparitions reconnues par l'Eglise. Par exemple, juste avant la mort de Jean-Paul II, de multiples fausses apparitions, toutes unanimes, laissaient entendre qu'après lui arriverait un faux pape qui ne serait pas de Dieu. Ces gens là connaissaient mal la théologie, car le pape est protégé par Dieu jusqu'à son sacrifice final. Là il faut remettre un peu les choses carrées. Encore une fois, c'est un champ important que le ministère épiscopal devrait investir.

Pourtant beaucoup d'apôtres voient aujourd'hui des conversions importantes sur le terrain, alors que les paroisses meurent.

Pour le moment et malgré cela, on dirait qu'en fait est en train de se préparer une Eglise, moins nombreuse en nombre, mais extrêmement intérieure. Peut-être en préparation à certaines épreuve, liés à la kénose de l'Eglise. Vous savez, je le redis : L'Eglise connaîtra un jour un samedi Saint. Et il faudra bien que des fidèles vivent comme Marie ce jour là, comprenant que ce n'est que le silence qui précède le retour glorieux du Christ.
En attendant, il est probable que nous allons voir bientôt une étonnante Pentecôte d'amour dans le monde.

Quelles sont les apparitions actuelles où récentes qui vous semblent le plus mériter notre attention (sans pour autant préjuger du jugement de l'Eglise) ?

D'abord toutes les apparitions reconnues. Et s'il y a une apparition pas encore reconnue qui mérite notre attention, c'est celle de Medjugorje. Parmi les autres, certaines paraissent assez solides comme San Damiano, mais je dirais qu'il ne faut pas s'y fixer trop car, de toute manière, le message essentiel est dit dans toutes les apparitions qui ont été reconnues officiellement par l'Eglise. A discerner soi-même, il y a un risque important d'être détourné de la foi. L'expérience montre que dans beaucoup d'apparition d'apparence céleste, se cachent des dards venimeux comme la méfiance vis-à-vis du pape, l'attente d'une victoire politique de l'Eglise, et des théories paranoïaques du complot.

Vous êtes allé à Medjugorje ?

J'y suis allé une fois, à titre privé. Et j'ai beaucoup aimé.

Avez vous des contacts particuliers avec des mystiques ?

Non. Pour ce qui est le coeur de ma thèse, il y a juste une sainte canonisée qui en parle à savoir sainte Faustine. La sainte de la miséricorde, a vue des apparitions du Christ à l'heure de la mort. Elle a écrit un texte explicite : « J'accompagne souvent des âmes à l'heure de la mort ... » Puis elle décrit tout : la venue du Christ, la venue du diable, la possibilité de refuser le salut etc. (Journal de soeur Faustine, édition Hovine 1985, p. 542).
Une deuxième personne, authentique mystique, qui m'a beaucoup marqué est Marthe Robin. Je ne l'ai pas connu personnellement. Elle disait que l'heure de la mort pouvait durer plusieurs jours.
Pour l'eschatologie générale, la fin du monde, la clef est venue du Père Marie-Dominique Philippe, à travers une ou deux remarques qu'il distillait de temps en temps dans ses cours sur la future kénose de l'Eglise.
Plutôt que de m'appuyer sur les mystiques, je préfère le Magistère de l'Eglise, les saints canonisés, les textes disséminés partout dans l'Ecriture Sainte. Je ne m'appuie même pas sur les NDE. Même si comme Thomiste, je les considère comme un signe fort que le Christ apparaît vraiment, dans sa gloire physique, à tout homme à l'heure de la mort.

Autour du forum, il y a vraiment une ambiance particulière, une qualité d'écoute fraternelle même avec des non croyants ou d'autres religions. Comment expliquez vous la différence avec des espaces similaires qui sont plutôt des lieux d'insultes qu'autre chose ?

Je pense qu'il faut vraiment aimer les autres, ne pas chercher à les convaincre car il n'y a pas urgence. Dieu sait ce qu'il fait. Il a le temps. Cette patience vient justement du fait que j'ai une confiance absolue que Dieu permet provisoirement cette diversité dans le monde pour un grand bien. Avant on se disait : « s'ils ne découvrent pas la foi catholique maintenant, est-ce qu'ils ne vont pas avoir un problème pour leur salut ? » Si on se dit que Dieu a le temps, alors l'athée, l'humaniste sans Dieu du forum, s'il n'a pas encore le salut, a la disposition au salut. Au moment voulu, le Christ lui apparaîtra. S'il refuse, ce sera sa liberté. Du coup on est beaucoup plus en paix, on aime l'autre, on cherche ce qu'il a de bon et ce qu'il peut nous apprendre de bon. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, et il y a certaines personnes que j'ai du bloquer dans le forum, lorsqu'elles ne cherchent plus la vérité et commençaient à insulter les autres.

Et pour terminer, un sujet anecdotique : pensez vous que les animaux aient une âme et qu'on puisse les retrouver après la mort ?

Pour savoir ce qu'ils deviennent à leur mort, en théologie catholique, il y a une grande liberté. Une chose est cependant certaine : la foi nous dit que jamais ils ne verront Dieu face à face. En effet, ils n'ont pas une âme spirituelle. Les animaux ont un psychisme mais pas d'esprit. Jamais un animal ne désire voir Dieu qui est Esprit.
Survivent-ils ? Ill y a deux écoles théologiques. Saint Thomas d'Aquin disait qu'un animal est juste de la matière agglomérée et qu'il ira dans le néant. Au contraire, la grande école franciscaine s'appuie sur le texte « tu sauves Seigneur l'homme et les bêtes ». Et je suis convaincu, bien que thomiste, que c'est celle-ci qui a raison. D'abord pour une raison philosophique, c'est qu'en observant les Near Death Experiences, on s'aperçoit que les humains morts n'emmènent pas que leur esprit de l'autre côté mais aussi leur sensibilité : ils voient, ils entendent, ils se souviennent. Ceci, St Thomas n'y croyait pas du tout. Mais saint Augustin, ayant entendu parlé de ces expériences, l'enseigne plusieurs fois. Il y a donc une sorte de corps double qui survit à la mort, un corps psychique qui subsiste avant la résurrection de notre chair. Or les animaux ont un psychisme donc eux aussi ils survivent à leur mort. On se dit mais où vont ils ? Eh bien simplement, dira la théologie des franciscains, ils sont récompensés aux niveaux qu'ils désirent : Puisqu'ils ont souffert pour nous dans leur sensibilité et leur chair, ils sont récompensés d'abord sensiblement par un bonheur sensible, avant de ressusciter dans leur chair. C'est typique de Dieu. C'est que de l'autre côté, nous sommes accueillis dans un vrai monde sensible. Eux y vivent et le décorent de leur beauté et de leur vie. Et leur grande joie sera de voir les élus, de voir le corps du Christ un peu comme en Eden. Donc on peut même dire que seront réalisés au sens littéral les textes de la bible qui disent que les animaux vivront ensemble en paix avec nous.
Encore une chose : si c'est vrai, si tous les animaux ayant vécu sur terre depuis le début de la vie sont tous là, il vous reste à vous représenter la taille immense de l'autre monde préparé par Dieu pour notre éternité ...

 

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